Sur Annibale Bugnini, ami de Paul VI, qui a réussi à transformer la messe catholique en un rite rosicrucien, cf le numéro très éloquent de Chieva Viva de juillet 2019. Cette parution écrit : "Trompant sans que personne ne s’en aperçoive (sauf quelques rares chiens muets) et sous les yeux de tous, il a en fait travaillé activement à la réforme liturgique sous la direction de Giovanni Battista Montini (Paul VI) et, avec la manipulation de l’offertoire qui précède la consécration, il a transformé la messe catholique en un rite rosicrucien».

Vous dites qu’on doit prier pour François, pour sa conversion. Cette façon de couper court est d’usage de la part de ceux qui, à ce point de la discussion, constatant l’irréductibilité des faits (l’hérésie patente de françois), invitent, comme impuissants, à s’en remettre au Ciel.

Comme, nous, Chrétiens, la prière doit nous habiter du matin au soir, que redire à cela ? Thérèse n’a-t-elle pas écrit : « Qu'elle est donc grande la puissance de la Prière ! On dirait une Reine ayant à chaque instant libre accès auprès du Roi et pouvant obtenir tout ce qu'elle demande ». Elle-même n’a-t-elle pas prié, avec un certain succès, pour Pranzini ? Les Saintes Ecritures ne disent-elles pas : « Priez pour ceux qui vous font du tort et qui vous persécutent » (Matthieu, 5-44).

S’agissant de celui qui occupe le siège de pasteur suprême des catholiques, la prière ne semble pas pourtant être « le mot de la fin ».

D’abord, on observera qu’un très grand nombre prie pour françois : toute la secte conciliaire, toutes les églises Ecclesia Deï, toute la fsspx, tous les Una Cum… Or, françois a-t-il changé d’attitude ? Que nenni, on dirait au contraire que la culmination de son pontificat, les années passant, aura été de dessiner une Rome ouvertement révisionniste, homosexualiste par ailleurs, dessein qui lui tenait particulièrement à cœur et qu’il aura distillé par petites touches, par petites phrases, selon ce que le théologien Marco di Pietro appelle un ‘’sous-magistère suggestif’’, un dessein qui occupe à présent tout l'éventail de son ramage. Il faut dire que, ce faisant, il est à l’unisson de la vie de nombreux prélats.

Mais surtout, il y a une ambiguïté dans la formule « prions pour François ». Quand Thérèse prie pour Pranzini, toute sa famille et la jeune adolescente aussi, savent que le criminel a un pied en enfer. François, lui, a la superbe des puissants. Au fond, Pranzini, s’il embrasse le crucifix a trois reprises avant de mettre sa tête sur le billot, c’est qu’il sait qu’il s’est égaré. François est aux antipodes de cette humilité. De lui, nous devons faire le départage : « Est ce qu’il se trompe ou, avec, est-ce qu’il NOUS trompe ? ». François relève alors plus de la supercherie que de l’égarement individuel. C’est avec raison que le père Altmann dit : « Francis is a fraud » (ce qui doit se traduire par : un imposteur, un escroc, l’auteur d’une supercherie).

Le suprême devoir de Charité, me semble-t-il, n’est donc pas tant envers françois qu’envers ceux qu’il berne, qu’il trompe, qu’il égare à satiété sous sa pataude familière, sa badinerie affectée, lorsqu’il s’agit de parler en public ( doublée, en interne, d’un autoritarisme féroce quand il s’agit de sévir, de persécuter évêques, dicastères et congrégations, selon ce schéma bien connu des impies, et de ceux qui enseignent l’impiété, qui leur fait demander la miséricorde envers le péché et pratiquer l’intransigeance envers la vraie foi).

Rappelons que c’est une notion bien ancrée dans l’Eglise que c’est un devoir suprême de charité que d’enseigner la vérité. Caritas Veritatis. Dans la pensée de Saint Augustin, la vérité est un pain dont tous ont besoin : le rompre est une œuvre éminente de charité, plus encore s’il s’agit des vérités qui concernent le Bien ultime de l’homme. L’évêque d’Hippone constate pourtant dans ses Confessions (X, 23) que les hommes aiment la vérité quand elle brille, mais qu’ils la haïssent quand elle les dénonce ; « C'est ainsi qu'ils haïssent la vérité à cause de cette autre chose qu'ils prennent pour la vérité et qu'ils aiment ». Nous savons que la doctrine catholique admet, à la suite de Jean 5, 22, que le témoignage de la Vérité, qui ne fait acceptation de personne, comporte un jugement.
Des choses similaires se disent chez Saint Thomas d’Aquin qui écrit de manière brillante que le sage doit enseigner la vérité mais aussi combattre l'erreur ; « Ejusdem autem est unum contrariorum prosequi et aliud refutare ; sicut medicina, quae sanitatem operatur, aegritudinem excludit. Unde sicut sapientis est veritatem praecipue de primo principio meditari et aliis disserere, ita ejus est falsitatem contrariam impugnare. (Thomas d'Aquin, I Contra gentes, 1c).
La traduction de ce passage est à peu près : « Par ailleurs, il appartient au même sujet de s'attacher à l'un des contraires et de réfuter l'autre : la médecine qui est l'art de restaurer la santé, est aussi l'art de combattre la maladie. De même donc que l'office du sage est de méditer la vérité à partir surtout du premier principe et de disserter sur les autres, il lui appartient aussi de combattre l'erreur contraire. Ce double office du sage est donc parfaitement exposé par la Sagesse, dans les paroles que nous avons citées plus haut : dire la vérité divine, qui est la vérité par antonomase, et la dire après l'avoir méditée, tel est le sens de ce verset : Ma bouche méditera la vérité ; combattre l'erreur qui s'oppose à la vérité, tel est le sens de cet autre verset : et mes lèvres maudiront l'impie. Ce dernier verset désigne l'erreur qui s'oppose à la vérité divine, qui est contraire à la religion, - laquelle reçoit aussi le nom de piété ; - ce qui explique que l'erreur contraire reçoive le nom d'impiété ».
Quant à la plaidoirie qui, pour sauver François veut tourner nos regards vers Wojtyla, elle ne porte qu’à moitié, tous deux se sont révélés « humains, trop humains » dans leurs enseignements et sont, on le sait, issus du même Coup d’Etat dans l’église dont parle Don Andre Mancinella (+) dans son livre du même titre, n°1 en Italie, et enfin traduit en France, aux éditions Media, Culture et Patrimoine (à paraître en juin).

Soulignons au passage ce que cet enseignement a, dans sa forme déjà, de trivial : « les arguments de françois, exprimés dans cette sorte de sous-magistère suggestif qu’il pratique « in persona papae » mais « quasi papa non esset », en tant que pape mais presque comme s !l ne l’était pas, comme si la responsabilité pétrinienne n’existait pas, se font certainement aux dépens de l’Eglise », a écrit le théologien Pietro de Marco (Université de Florence).

François veut que Jésus ait beaucoup d’amis, mais il ne veut pas que Jésus enseigne. D’où la nécessité où il est d’aller de divagations en divagations. Une manière « d’être au monde » très jésuite, Blaise Pascal, dans ses Provinciales (1656-57) l’avait bien vu et très finement analysé.

Soulignons au passage ce que cet enseignement, dans sa forme déjà, a de trivial : « les arguments de françois, exprimés dans cette sorte de sous-magistère suggestif qu’il pratique « in persona papae » mais « quasi papa non esset », en tant que pape mais presque comme s'il ne l’était pas, comme si la responsabilité pétrinienne n’existait pas, se font certainement aux dépens de l’Eglise », a écrit le théologien Pietro de Marco.

François veut que Jésus ait beaucoup d’amis, mais il ne veut pas que Jésus enseigne. D’où la nécessité où il est d’aller de divagations en divagations. Une manière « d’être au monde » très jésuite, Blaise Pascal, dans ses Provinciales (1656-57) l’avait bien vu et déjà très finement analysé.

C’est aussi l’avis de Monsieur l’abbé Olivier Rioult (pour lequel j’ai beaucoup d’estime) que Mgr Lefebvre a adopté une attitude par trop « diplomatique » vis-à-vis de Rome, c’est au fond ce que disait feu M. l’abbé Guépin, mais je crois qu’on peut aller au-delà : tout d’abord, en contre de cette opinion, Mgr Lefebvre ne faisait pas partie du corps de la nonciature (= diplomatie du Vatican) quand bien même il fut ‘délégué apostolique pour l’Afrique’, ce qui faisait incontestablement de lui en fait un diplomate n’en ayant pas officiellement le nom, devant rencontrer des autorités, des chefs d’Etat, etc. devant avoir en conséquence un langage prudent vis-à-vis de ses interlocuteurs, oui. Cependant, Mgr Lefebvre qui fut ensuite archevêque de Dakar vit le président du Sénégal (Léopold Senghar Senghor) demander en janvier 1962 son rappel à Jean XXIII, c’est un signe que sa conduite en tant qu’archevêque fut à l’aune de l’action qui fut plus tard celle du fondateur de la Fraternité : un homme d’une pièce, un homme intègre, ne transigeant pas sur les principes et surtout les exposant publiquement dans son apostolat ( NB. Léopold Senghar Senghor n’était pas franc-maçon mais son épouse, si, et surtout, il avait été initié au socialisme et aux idées humanistes par…Georges Pompidou, à Normale, ceci pour la petite histoire).

Au fond, la difficulté de Mgr Lefebvre à adopter un langage de césure totale avec la Rome (une Rome déjà visiblement) sur les traces de l’apostasie s’explique plutôt par trois facteurs : Mgr Lefebvre est profondément et restera jusqu’au bout un homme d’Église, or il est très difficile à un homme d’Église de se mettre en dehors de celle-ci ( = il perd la reconnaissance sociale, un train de vie, même si celui-ci est modeste, son habit ecclésiastique, etc. en gros il se déchoit lui-même) ; Mgr Lefebvre n’a jamais voulu d'autre part endosser le rôle de « parricide » et tuer le père comme disent les freudiens. Autre facteur, quand la crise avec Rome en vînt à son paroxysme, après l’ordination de quatre évêques pour la FSSPX, Mgr Lefebvre est déjà un homme âgé, nous sommes en 1988, il a 83 ans, à cet âge un bras de fer avec le préfet pour la congrégation pour la doctrine de la foi, le Cardinal Ratzinger, et avec le pape lui-même (Jean-Paul II) est quelque chose de dur et d’éprouvant ; on remarquera qu’à l’occasion de ce bras de fer, Mgr Lefebvre n’a pas plié, il a tenu bon (d’où d’ailleurs l’excommunication latae sententiae). Un autre facteur qui crève l’écran est que Mgr Lefebvre n’a au fond pas eu de successeur à sa hauteur, ni Schmiedberger, ni Fellay et consorts n’ont, comme l’évêque de Tulle avait fait, réussi à tenir une Rome progressant à grands pas dans l’apostasie, à bout de gaule, ni doctrinalement, ni en termes de communication, ce qui fait faute aujourd'hui. Fellay a, au contraire, pris le chemin inverse, travaillant en sous-main pour le retour à Rome, contre toutes les évidences.

Alors, oui, l’ambiguïté actuelle de la FSSPX qui reste « una cum » et dénonce des effets (la tiédeur et la grande foire de l’Eglise concilaire-) dont elle chérit les causes (le pape est et reste le pape) trouve bien une part de sa source dans l’attitude mesurée de Mgr Lefebvre. Plutôt que de parler de "gallicanisme" pour la FSSPX (#Adrien Abauzit), fraternité qui a tout de même une présence internationale forte et méritée, je dirai que la clef de ceci se trouve dans ce qu’écrivait Mgr Lefebvre dans sa lettre du 2 juin 1988 au Pape et qui traduit bien un trait de son caractère : ….« nous croyons préférable d’attendre des temps plus propices au retour de Rome à la Tradition ».

Cette opinion était en effet fort sage en 1988, mais cet attentisme qui dure depuis 40 ans, est anachronique à présent. Il empêche d'ailleurs la conversion à la vraie foi de fidèles conciliaires trompés et égarés, hypnotisés par ce moto : le pape a dit....

Donc en 1975 (cf. ce récit à partir de 18 : 42), Mgr Lefebvre disait en privé, devant son chauffeur (l'abbé Guépin) : "Paul VI travaille à la destruction de la messe, etc. etc. D'AILLEURS, IL N'EST PAS PAPE etc." ; ceci (et l'on ne saurait mettre en doute les souvenirs et la parole de Monsieur l'abbé Guépin) montre au moins deux choses : que Mgr Lefebvre était in petto "sédévacantiste ou catholique semper idem (ie. Montini est un apostat et un usurpateur) ce qui perçait évidemment l'écran ; cela montre aussi qu'il tenait de facto un double language, ce qui d'un point de vue chrétien est problématique (cf. Matthieu, 12-34, "car c'est de l'abondance du coeur que la bouche parle") ; certes Mgr Lefebvre disait , "ils (les catholiques) ne pourraient pas comprendre, donc je ne le leur dis pas" (cf. 15:23), mais ce genre de tactique (ne pas enseigner le vrai parce qu'il ne pourrait soi-disant être reçu) est là encore peu chrétien, il est écrit "la vérité vous rendra libres" (Jean 8, 32), et cette omission dans l'enseignement a engendré en héritage, la confusion et l'absence de lucidité qui baigne aujourd'hui la FSSPX etc.).